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gravité futilité 2

Abus de biens sociaux et abus de langage.

6 Mars 2017 , Rédigé par richard Monnier Publié dans #langage, #société

Pendant la conférence où il a annoncé qu'il ne se présentera pas comme candidat, Alain Juppé a critiqué le comportement de François Fillon : "Son système de défense fondé sur la dénonciation d'un prétendu complot et d'une volonté d'assassinat politique l'a conduit dans une impasse". Où l'on comprend que sa critique ne porte pas sur l'éventuel délit dont pourrait être accusé le candidat à la présidence de la république mais sur la forme, la surenchère verbale utilisée pour la défense de celui-ci. Ce moment de lucidité d'une personnalité appartenant au même parti politique que F. Fillon a été occulté dans la même journée par Patrick Stéfanini qui a cru bon de continuer à défendre F. Fillon dans un entretien sur Europe 1, alors qu'il venait de démissionner de son poste de directeur de campagne. L'argument qu'il avance montre que si sa position a changé, la rhétorique, elle, reste la même: «Ce dont est victime François Fillon, c'est d'un système qui a été mis en place depuis des années au Parlement et qui consiste à rémunérer ou à accorder des compléments de rémunération aux parlementaires à travers le système des collaborateurs». Non, sans rire ! "victime" "d'un système", de grandes manœuvres  d'état implacables au point que notre député ne savait même plus comment dépenser son argent de poche. Quand on dit que les hommes politiques perdent du crédit, qu'on doute de leur parole, il ne s'agit pas seulement de la parole qui jure (et qui parjure) mais aussi de la parole de tous les jours qui nomme, qui distingue et qui permet d'analyser. Aveuglé par le rôle de "redresseur de la France" qu'il s'est généreusement attribué, F. Fillon puise mécaniquement son vocabulaire dans son répertoire de futur chef d'état et prend la pose comme s'il était confronté à des conflits internationaux alors qu'on lui demande simplement d'obéir à l'obligation de transparence concernant l'usage de l'argent public comme la loi le demande à tous les citoyens.  

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