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gravité futilité 2

La Prairie sans les indiens

10 Novembre 2016 , Rédigé par richard Monnier Publié dans #USA, #Walt Whitman, #notes de lecture, #Indiens

A la fin de son livre intitulé Comme des Baies de Genévrier qui est un recueil de notes au jour le jour, Walt Whitman décrit un tableau de J. Mulvany qui représente le général Custer combattant contre les Sioux. Je réalise à ce moment là de ma lecture que c'est la première fois que le poète mentionne la présence des Indiens alors que son livre rend compte de multiples aspects de la vie américaine. Dans tous ses périples à travers les États-Unis, de toutes les observations très précises qu'il nous livre dans son journal concernant aussi bien les soldats, les éleveurs, les cochers, les bacs, les paysages, les plantes, les oiseaux, Walt Whitman n'aurait jamais rencontré aucune trace de culture ou de pratiques indiennes susceptibles de l'intéresser, lui qui est à la recherche d'une nouvelle relation à la nature. Faut-il que l'extermination des Indiens et des bisons ait été si efficace pour que le mode de vie des Indiens n'ait pas retenu l'attention de celui qui aspire à un " retour à la source de vie nue, notre source à tous au sein de la grande Mère silencieuse et sauvage " ? Comme c'est troublant de constater que le barde qui s'isole pour chanter avec les oiseaux ne se souvient que de quelques sioux servant d'arrière plan dans un tableau qui célèbre l'héroïsme du Général Custer. Au moment où le livre paraît (1882), il n'est plus question pour les Indiens de négocier un traité de paix comme ils l'avaient fait en 1825, leur attribuant des terres appelées Prairies, ce paysage si caractéristique de l'Amérique du Nord qui émerveillera le poète :" ce vaste Quelque-chose étiré sur sa propre échelle infinie, que représentent ces prairies, combinant le réel et l'idéal, beau comme un rêve ". A cette époque les Sioux sont déjà cantonnés dans des réserves et l'armée américaine n'a plus que quelques Apaches à abattre dans le Nouveau Mexique. Entre 1870 et 1875, années pendant lesquelles W. Whitman rédige ses notes, les colons massacrent 10 millions de bisons. Le champ est libre alors pour une réappropriation de la Prairie, comme si elle était vierge de toute culture, grand thème que le poète développe dans son livre : " Et ne voyons-nous pas dans ces prairies le présage des races futures dont elle seront recouvertes ".   

 

 

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