"La Puissance"
1 Janvier 2021 , Rédigé par richard Monnier Publié dans #exposition, #Philippe Pareno
Pendant son entretien avec Philippe Parreno, diffusé sur France Culture, Arnaud Laporte ne peut s'empêcher d'employer, par deux fois, le mot « puissance » pour qualifier ce qu'il avait ressenti en visitant l'exposition de l'artiste au palais de Tokyo. Cette expression est étonnante quand on connaît l’œuvre de l'artiste faite de tremblements (de lumières), d'évocations (Marilyn). Lorsqu'il questionne l'artiste sur sa façon de « s'emparer du lieu », celui-ci refuse ce terme en précisant que son intention est de procurer des sensations, de mettre le visiteur en relation avec des données qu'il ne perçoit pas (le changement du niveau de la Seine, par exemple) en laissant beaucoup de possibilités de vacance et de déambulation. Je ne crois pas que les 5 panneaux blancs de Robert Rauschenberg aient dominé les visiteurs même s'ils ont une stature historique. En tant que surfaces sensibles révélant les changements de lumière, ils pouvaient être considérer plutôt comme une clé de l'exposition et sans doute un hommage.
Toutes ces propositions ne cherchaient pas à faire autorité, néanmoins, il est une donnée qu'on ne peut ignorer, c'est la nature du lieu lui-même. Alors que l'artiste revendique une attention particulière à l'espace d'exposition et qu'il tient à la notion de travail « in-situ », il est difficile de faire abstraction des escaliers monumentaux, des proportions des salles, des colonnes de 15 m de haut, autant d'éléments caractéristiques de cet ancien pavillon de l'exposition internationale de 37 qui était censé représenter « la puissance » de la France face aux autres puissances.
Nous y sommes. À vouloir mettre en œuvre « l'apparition et aussi la disparition » des formes comme le précise Philippe Parreno, c'est finalement l'autorité de l'architecture conçue pour s'imposer qui conditionne nos impressions. L'artiste offre une telle latitude au visiteur dans son appréhension de l'espace qu'il autorise même les contre-sens. C'est ainsi qu'un professionnel de la culture, sans doute bien disposé envers les formes autoritaires, attribue malencontreusement les qualités du lieu d'exposition aux œuvres exposées par l'artiste.
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